Rag-time : Louis Calaferte

La poésie chez Louis Calaferte balance toujours un peu entre pureté des premières émotions, celles du loin de l’enfance, et d’un excès d’enthousiasme virant parfois en montées de fièvre colérique. Vigoureuse, sensible, l’écriture est précise. Ecrivain, essayiste et poète français, inexplicablement ignoré par ses pairs, son œuvre se compose d’une centaine de titres, principalement des recueils de poésie et de récits, des pièces de théâtre et des carnets. Rag-time est à l’image de cette musique américaine, mouvement précurseur du jazz au début du siècle passé, Calaferte l’a choisi car elle bat la mesure sur une musique syncopée de rythmes primitifs et de mazurkas.
Ces emphases de lacs musclés
Au détour des rhododendrons
Par les belles après-midi de connivence
A se susurrer des bricoles
Où trouvait-on ces gazouillis
Les robes balançaient leurs flûtes horticoles
Sur de roses chemins sablés
On avait des soleils mûrs comme des chaudrons
Je les revois qui caracolent Escadrons
Dans des coffrets d’azur d’une munificence
Inouïe !
C’était le temps encore je crois des bilboquets
Quelqu’un disait des vers
Un œillet au revers
Les comtesses d’ailleurs frétaient des troïkas
Perspective Nevski
Mozart était exquis
Et Chopin désarmant avec ses mazurkas
Vaguement polonaises
C’était le temps encore de leurs nurses anglaises